Antonin Carême
Marie-Antoine (dit « Antonin ») Carême, cuisinier et pâtissier, est l’un des fondateurs de l’idée de haute cuisine. Ce fut lui qui, le premier, porta le nom de «Chef» !
Né en 1784 à Paris, très jeune et après une enfance pauvre, il occupe d’abord les fonctions les moins reluisantes dans la très modeste cuisine d’une gargote, où il apprend cependant quelques rudiments. A 15 ans, il travaille chez un restaurateur en qualité d’aide de cuisine. Il apprend à toute vitesse.
A l’âge de 17 ans, il entre au service d’un des meilleurs pâtissiers de Paris, le sieur Bailly, rue Vivienne, qui compte Talleyrand parmi ses clients et pour qui Antonin travaillera plus tard. Pour l’instant, il devient « premier tourtier ». Bailly a perçu son talent et l’encourage à suivre des leçons de dessin au cabinet des estampes.
Doué d’une soif de savoir, d’une capacité de travail hors normes, il accomplit des progrès fulgurants qui laissent percevoir un homme d’une envergure exceptionnelle. C’est par ses seules forces et grâce à une énergie jamais découragée qu’il devient un homme universellement respecté, connu de toutes les cours d’Europe, pour avoir haussé l’art culinaire au rang d’une presque science. Parti de rien, il règnera sur les dîners d’apparat de l’Empire et de la Restauration.
Pour cet artiste aux talents multiples, l’art culinaire devait être conçu comme une branche de l’architecture. Antonin avait suivi des cours de dessin, et dessinait lui-même ses buffets, plats et pâtisseries : ses traités reproduisent des gravures de ses œuvres savoureuses. Ses pièces montées extraordinaires suscitent l’admiration. C’est lui qui est appelé à présider à la confection des pièces montées destinées à la table du Premier Consul, et plus tard à celle de Talleyrand. Cet amoureux de la cuisine raffole des présentations somptueuses pour les mets dont il comble ses augustes patrons. Il connaît merveilleusement l’art des architectes classiques, qui guide la composition de ses œuvres. Il ira même jusqu’à dire : « Les beaux arts sont au nombre de cinq : la peinture, la sculpture, la poésie, la musique et l’architecture, laquelle a pour branche principale la pâtisserie ».
Il officie pour les plus grands : Talleyrand, chez qui il restera 12 ans, le prince régent d’Angleterre - futur Georges IV, l’empereur Alexandre à Saint-Pétersbourg, la princesse Bagration à la cour de Vienne, lord Stewart et enfin le baron de Rothschild dont la table est renommée, pendant qu’Antonin y exerce, pour être la première d’Europe.
Carême prône les valeurs de la gastronomie et pose les bases de la cuisine moderne. Renommé pour ses sauces et potages, il se tourne vers un modèle nouveau : les plats, les sauces doivent désormais être légers et subtils. Avec lui, naît le livre de cuisine tel que nous le connaissons, comportant la mention des ingrédients et de leurs quantités précises ainsi que les durées et températures de cuisson.
On pense que c’est l’inhalation trop régulière de fumées toxiques émanant du charbon de bois qu’il utilisait pour cuisiner qui précipita sa mort : il n’a que 48 ans, le 12 janvier 1833, lorsqu’il meurt. Dans ses derniers instants, il dicte encore des notes sur son art : « j’ai encore à publier un livre sur l’état entier de ma profession à l’époque où nous sommes ».
L’œuvre écrit d’Antonin Carême comprend Le pâtissier pittoresque (1815), Le maître d’hôtel français (1822), Le pâtissier royal parisien (1825) et surtout L’art de la cuisine au XIXème siècle (1833).